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Tout savoir sur le fil à coudre | Le lin au Nord de la France (4/4)

Tout savoir sur le fil à coudre | Le lin au Nord de la France (4/4)

Si vous avez l’occasion de passer au musée vivant des vieux métiers, en presqu’île de Crozon, au fin fond de la Bretagne, on vous expliquera tout ce qui concerne laine, lin et chanvre devant les vieux outils manuels que les gens utilisaient pour ça, je vous assure que ça vaut le détour.

Mais d’ailleurs, pourquoi s’occupait-on du lin en particulier au fin fond de la Bretagne ?  

Ma Dona, directrice générale FRANCE et styliste chez Kroskel

Donatella Pavolini

PDG France et Styliste

Sur le chemin

Temps de lecture : 2 minutes

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Temps de lecture : 5 minutes

Zoom sur le lin cultivé au nord de la France

Pendant une semaine, vers la moitié du mois de juin sous nos climats, le lin fleurit dans les champs. Si vous passez à cette époque en Normandie ou dans le Nord de la France et dans les Flandres toutes proches, vous aurez peut-être la chance de voir danser au vent ces jolies fleurs bleues.  

Le lin aimant les climats frais et humides, ces régions, ainsi que la Bretagne qui les continue en direction du grand large, sont très propices à la cultivation du lin, et ce depuis des époques très anciennes. Si vous voulez en savoir plus, pas mal de sites y sont consacrés, je vous invite à y faire un tour. En général, les gens qui parlent de lin l’aiment beaucoup, les sites s’en ressentent forcément. 

Étant cultivé sur place, il est normal d’imaginer qu’il soit aussi traité sur place pour continuer la chaine de production de ce tissu noble et délicat. Mais ce n’est plus le cas, ou, tout du moins, ça n’a plus été le cas pendant le dernier siècle ou quelque chose comme ça. Question d’imaginer la vie plus « facile » avec des produits obtenus à moindre coût, en argent et en temps consacré. Donc la France est encore le PLUS GRAND producteur MONDIAL de lin, mais le passage de la plante au tissu se fait … ailleurs, suivez mon regard. 

Et nous récupérons le lin, traité à l’autre bout de la planète, avec un des ces allers-retours dont l’homme (et la femme, malheureusement aussi) « moderne » ou « du progrès » ont le secret. 

Il semble que des usines se relocalisent dans ces régions, c’est une excellente idée, surtout que le lin est une valeur sure : il paraît qu’une surface de 1000 m2 devrait suffire à faire vivre correctement une personne.  

Et pourquoi donc lin et chanvre étaient-ils cultivés spécialement dans ces régions ?

Pour plusieurs raisons, mais notamment, d’après ce qu’en disent les responsables du musée vivant des vieux métiers, en presqu’île de Crozon, au fin fond de la Bretagne (https://museevivant.fr/), parce que le lin et le chanvre sont des produits dont on utilise tout : les « écorces » pour faire les tissus, les « pailles » pour isoler, les graines pour se soigner et pour en extraire de l’huile…  À Locronan, par exemple, il y avait plusieurs usines de tissage de chanvre et lin pour en faire des voiles(15). Il paraît que les vareuses des marins bretons, faites avec les chutes des voiles, étaient, tout comme les voiles, d’ailleurs, imperméabilisées à l’aide de l’huile de lin ! Comme quoi, il n’y a pas que dans le cochon, que tout est bon !(16)

la vareuse classique, tirée de https://www.leglazik.fr/fr/blog/post/10/la-vareuse-authentique-du-marin-breton

 

La taille des bateaux augmentant, celle des métiers à tisser de Locronan n’a pas réussi à suivre, et la dernière usine a fermé au début du siècle dernier. 

Puis « le progrès » a imposé des rythmes accrus, et des coûts moindres, et le lin, matière noble, a été délocalisée en Chine, oui, voilà, pour ne pas la nommer. Mais, je le répète, il paraît que ça fait machine arrière, oui, comme dans d’autres domaines, nous sommes d’accord. 

Fin de la parenthèse sur le lin ! Ne perdons pas le fil ! 

 

Si vous avez bien suivi, pour les plantes à longue tige il y a quatre passages préliminaires

Arrachage – rouissage – teillage – cardage (ou peignage) .

Restes de noix de coco et fibres de coco (https://www.facebook.com/ASSOCIATION.AMSD/posts/aujourdhui-apprenons-ensemble-comment-fabriquer-traditionnellement-les-fibres-de/2532830683419295/)

 

Vous l’avez certainement compris, je ne sais pas comment ça se passe pour les poils de la coque du coco, j’ai trouvé cette belle image(17) qui me fait penser que une fois arrachés (apparemment péniblement) les fibres, on se retrouve avec le même genre de « filasse » probablement à carder et on est arrivé au même point que pour lin, chanvre et copains.

Pour la laine, avant toute chose, il faut la laver « un peu ». J’ai récupéré une fois la laine des moutons de mon paysan chéri, René pour ne pas le nommer. La laine était poisseuse au possible, on aurait dit qu’on avait dans les mains un fond de douche pas lavé depuis 10 ans, je ne sais pas si vous voyez. Heureusement, dans notre vallée il y a encore un beau lavoir à trois zones, et j’ai entrepris de laver cette laine à grandes eaux, avec un peu de savon de Marseille pour faire genre je sais comment il faut faire avec ça. C’était fort fastidieux et après trois jours de trois lavages/rinçages/séchages successifs j’avais l’impression qu’on en était au point de départ. Un petit peu mieux mais pas tant. En tout cas, il paraît qu’il faut laver seulement « un peu », justement pour garder un peu de ce gras. Si vous en savez plus que moi, n’hésitez pas à me corriger, je me ferai un plaisir d’aller dire aux dames du musée vivant des vieux métiers (oui, encore lui, vous savez, au fin fond de la Bretagne, dans la presqu’île de Crozon qui vaut le détour…) qu’elles se trompent, leur assurance est vraiment désagréable parfois18.  

Une fois lavée « un peu », c’est exactement la même opération pour la laine et pour le coton, à savoir un cardage entre deux brosses à carder fines, pour enlever les impuretés. Ensuite, le même processus est valable, avec des variations dues à la différence d’épaisseur/longueur du fil. En gros, ça consiste à aligner au mieux les « fils élémentaires » et à les disposer en les décalant les uns par rapport aux autres. Avec un outil qui change, là aussi, selon la longueur et l’épaisseur des « fils élémentaires », le principe est le même : on entortille, on enroule ces fils les uns sur les autres, de manière qu’ils soient emprisonnés les uns dans les autres et obtenir un « fil » dont la longueur ne dépend plus de la longueur du fil élémentaire du départ mais seulement de la volonté de la fileuse. On peut utiliser un « fuseau » (oui, comme celui de la Belle au Bois Dormant, même si je ne comprends pas pourquoi elle se pique avec ça, il n’est pas spécialement pointu, ou alors il a bien changé depuis) pour la laine et le coton, et on utilisera plutôt un « rouet » (une machine mécanique très très simple et très très efficace) pour le lin, le chanvre et leurs copains. Et là, on en a fini avec un brin de fil. Juste un petit peu, quoi ! 

[15] https://locronan.bzh/histoire/la-manufacture-de-la-toile-a-voile

[16] Oui, je sais, je l’ai déjà dit, mais ça me plaît beaucoup, cette comparaison entre le lin et le cochon. 

[17] https://www.facebook.com/ASSOCIATION.AMSD/photos/pcb.2532830683419295/2532830436752653 

[18] Je rigole, hein. En vrai, c’est tellement agréable, des (très) vieilles femmes avec leur beau savoir atavique. C’est rassurant et chaud. Mais bon, si elles ont faux pour une fois, ça ne fera pas de mal de remettre le … fil à plomb !

[19] https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/1937?gathStatIcon=true&lang=en

[20] Par Detroit Publishing Co. — Library of Congress REPRODUCTION NUMBER: LLC-DIG-ppmsc-09892, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3510030

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